Ma bulle

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J’ai remarqué que depuis un certain temps, pour vivre à peu près sereinement, j’ai besoin de vivre dans une bulle.
Si c’était déjà un peu vrai avant, c’est encore pire depuis que j’ai des enfants.

Tu vois je suis une stressée de la vie, une anxieuse, une nerveuse, une peureuse et plein d’autres trucs en « euse ». Oui vas-y tu peux rajouter chieuse !
J’ai donc senti que c’était vital pour moi de m’enfermer dans un cocon, coupé de tout ou presque. Pour te dire, je pouvais faire des crises de panique avant mon PACS parce que je me posais plein de questions bidons.
Alors dans un premier temps, j’ai appris à ne pas penser à l’avenir, à ne pas voir plus loin que l’année prochaine.
Aussi con que ça puisse paraître, ça a calmé pas mal de mes angoisses.

Et depuis quelques années j’ai renforcé la bulle.
Tout simplement parce que le monde devient de plus en plus taré. Ou alors il l’a toujours été mais je m’en rendais moins compte… l’insouciance de la jeunesse a laissé la place à la maturité faut croire.
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Je ne regarde plus les infos à la télé. Jamais. Je lis les titres des journaux mais c’est tout, je ne lis presque jamais les articles. Je n’y arrive plus. Lire les titres ça me suffit bien, merci.
Je vis comme si les horreurs n’existaient pas parce que sinon, je ne pourrais pas vivre, c’est tout.
Je ne peux pas penser qu’en mettant mes enfants à l’école ils puissent être victimes d’un/d’une instit’ pédophile. Je ne peux pas penser qu’un taré va entrer dans cette même école et tirer sur tout ce qui bouge, je ne peux pas penser qu’ils vont être victimes de harcèlement.
Tout ça, je ne peux pas l’envisager. C’est bien au-delà de mes forces.

Le drame de Charlie Hebdo m’a remis un peu le nez dedans et ça ne m’a pas fait du bien.

Alors attention, je ne suis pas nouille pour autant. Je SAIS que tout ça existe. Je SAIS que ça pourrait éventuellement nous arriver, mais je ne VEUX PAS y penser. Je suis vigilante, j’écoute mon Minus quand il rentre de l’école, je pense que je me rendrais très vite compte si quelque chose n’allait pas. Je saurais réagir s’il se passe quelque chose, je n’en doute pas une seconde.

Mais je veux vivre comme si ça n’existait pas. Je suis déjà flippée de beaucoup de choses, je pense assez souvent au pire (ouais dans la rue j’aime pas qu’il coure loin devant, si des fois une voiture s’arrête et le kidnappe… c’est moi la psychopathe…) alors imagine si j’intégrais le fait que quelque chose d’horrible pouvait vraiment nous arriver.
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C’est simple, je serais malade de les laisser à l’école, j’aurais énormément de mal à prendre la voiture avec eux ou le train ou l’avion… On ne ferait plus rien quoi.

Donc la bulle est là, pour maintenir toutes les vilaines choses du monde hors de ma maison, loin de ma famille. Bulle que je construis aussi autour de mes enfants. Parce que je ne suis pas sûre de savoir aborder ces choses-là avec eux sans leur transmettre mon anxiété. Et aussi parce que je pense qu’ils auront bien le temps de découvrir que le monde est bien plus horrible que de ne pas avoir deux mousses au chocolat en dessert…

Donc en fait, pour que je sorte de ma bulle, il faut que tout le monde se fasse des bisous et des câlins, voilà ! (enfin dans la limite du raisonnable hein, je ne veux voir personne à poil, non mais oh ! GET A ROOM !)

32 réflexions au sujet de « Ma bulle »

  1. Reb

    Je te comprends .
    Les nouvelles sont toujours plus horribles les une que les autres et même l’actualité locale est moche .
    J’ai grandis en même temps que les bisounours et mon petit poney (qui est complètement diffèrent de my little poney , mais là n’est pas le sujet !) dans un monde certainement aseptisé par mon entourage mais maintenant que je suis adulte et que j’ai des enfants je ne veux pas que mes enfants soient témoins de toute cette misère, de toute cette haine qu’il y a dans le monde . J’e veux qu’il garde leur innocence et leur âme d’enfant .

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    1. mamourblogue Auteur de l’article

      Voilà tout à fait ! On a eu à peu près la même enfance je vois 😉
      Les enfants verront bien assez tôt qu’en fait c’est un peu moche dehors…

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  2. Mathilde

    C’est bon de lire que l’on n’est pas seule dans ce cas. Pour les premières sorties en bus des enfants j’ai accompagné, quand je n’ai pas pu j’ai envoyé ma maman et quand il n’y avait plus de solution j’ai angoissé, pas dormi de la nuit, anxieuse toute la journée..
    Je ne prend pas l’avion sauf quand mes enfants seront très grands, qu’ils auront fait leur vie, oui Parce que le jour où je vais le prendre il y aura des problèmes (je travaille à enlever cette phobie)
    Ça fait 6 ans, à la naissance de la première, que je ne suis plus les infos, du tout. Un jour on m’a dit que je vivais dans un monde de Bisounours, sur le coup je l’ai mal pris, aujourd’hui je le revendique, mon monde de Bisounours il est bon, il est doux, il est chaud et il veut le bien autour de nous. Alors j’essaie au maximum de partager du bonheur et non le contraire.
    Merci pour cet article, j’aurais une pensée pour toi en faisant des câlins à mes enfants tout à l’heure ❤️

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    1. mamourblogue Auteur de l’article

      C’est ça ! Parler de choses jolies plutôt que des horreurs, c’est beaucoup mieux ! On a bien assez de tracas dans une vie, on peut largement laisser de côté les choses les plus dures…

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  3. M&S

    Je suis comme toi, je ne regarde plus les infos. De temps en temps je tombe dessus à la radio, mais comme ma môme râle dès que c’est autre chose que de la musique (« nan mamaaan pas la puuub » – oui tout ce qui ne lui plaît pas c’est la pub), je n’écoute jamais longtemps. Les choses graves/importantes viennent à moi, par le biais des réseaux sociaux notamment, mais je ne vais pas les chercher.
    Ça me retourne trop le bide, et effectivement c’est bien pire depuis que je suis maman. Sans pour autant me mettre des œillères, car je sais que toutes ces horreurs existent, j’évite de me faire du mal inutilement. Et ça me va très bien comme ça.
    Ma fille croit que quand quelqu’un n’est pas/plus là, il faut aller en racheter. Comme pour les gâteaux au chocolat.
    Puis de toute façon j’ai chéri qui me rapporte tous les jours quelques faits divers importants, genre « Madame Comète a trouvé une météorite sur son toit » (je ne sais pas ce qu’il a installé comme app d’infos).

    Vous reprendrez bien un peu de lait de licorne avec votre thé, n’est-il pas ?

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    1. mamourblogue Auteur de l’article

      Oui voilà moi je lis que les faits divers drôles ! C’est bien ça 🙂
      Ça doit être trop bon le lait de licorne !

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  4. Prisci

    Ahah! c’est pareil! Je ne sais pas si le fait d’avoir des enfants qui renforcent ça, même dans le bus ou le tram on s’assoit tout côte à côte, je le tiens ds mes bras ou lui tiens la main des fois qu’en un clin d’oeil il tombe et se fracture le crâne lors d’un freinage trop brusque, que quelqu’un l’enlève sans que je le vois…des fois je me dis qu’il faut affronter la réalité, mais comme toi, je me dis qu’il a le temps, que son enfance soit préservée et que si qqchose lui arrive, nous arrive, aussi difficile que ça pourrait être on saura y faire face, ms en attendant, on n’y est pas. La peur peut être paralysante j’en sais qqch, et je ne veux pas le parasiter avec MES peurs, il en aura bien assez des siennes.

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  5. Marie

    Il est super intéressant ton papier. J’ai forcément une position différente, tu t’en doutes, vu mon métier. Un an dans un service de faits divers et 4 ans de news notamment. J’ai appris à mettre de la distance et à déshumaniser tout ça, sans quoi ce ne serait pas vivable. Mais parfois, c’est compliqué (Charlie, Merah à 200m de notre nounou, cette semaine ou encore cet accident de voiture avec un bébé et 4 enfants il y a 7 ans). Il y a des choses qui marquent plus que d’autres. Plus on vieillit et plus on a besoin de journée en famille en pleine nature, loin de tout, mais surtout loin de l’info, pour se ressourcer. Et puis on replonge, parce que c’est un peu comme une drogue. Ce métier, et surtout le news, on le fait par passion ou on ne le fait pas. Mais rares sont ceux qui l’exercent longtemps, parce que c’est usant.

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    1. mamourblogue Auteur de l’article

      Ah ouais, ça c’est sûr, ton métier je ne pourrais jamais le faire… mais ça doit être aussi passionnant…

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  6. Emilie

    Avec la naissance de mon Lutin c’est exactement le phénomène inverse qui s’est opéré.
    Mettre au monde, dans le monde, ouvrir au monde, dès sa naissance j’ai ressenti un véritable élan vers l’extérieur que je n’avais pas avant. Comme quoi chacun, en fonction de son histoire, a une approche qui lui est propre.

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  7. PetitDiable

    Je te comprends, on fait tous ce qu’on peut pour vivre au mieux … je fais un peu comme toi, je considère que « ça n’arrive qu’aux autres », sinon je serais en perpetuelle panique…

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  8. Pimpiche

    Je comprends tout à fait ! Surtout que l’actualité est de pire en pire je trouve. On dirait qu’il n’y a plus de limite et que jour après jour le mode tourne de moins en moins rond. Et ça ,ça me fait peur…

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  9. Sandrinette

    Je suis tout à fait d’accord avec toi. Perso, je suis déçue du monde, j’ai l’impression de faire aussi cette bulle pour préserver mes enfants de ce monde. On dit qu’il y a un pessimisme français. Mais c’est aussi tout ce qui est autour, ces dangers, ces catastrophes…je suis obligée de me faire violence parce que j’ai des obligations importantes comme de mettre mon fils dans un avion tous les deux, trois mois pour les vacances de son père…c’est dur, surtout depuis cette cata encore…
    Mais il y a quelques mois j’étais surmotivée a quitter la France, changer de pays, espérer que le monde est plus rose ailleurs. Mais c’était une utopie, il a fallu se ranger à des évidences. Depuis, je suis aussi dans ma bulle….

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    1. mamourblogue Auteur de l’article

      Oui je crois que c’est partout pareil… ça va devenir difficile de trouver un endroit assez préservé… l’Australie ou l’Islande peut-être !

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  10. Petite ombre

    je suis entièrement comme toi, anxieuse et penser au pire encore plus affolant depuis que je suis maman.. Moi faut que j’apprenne cependant à rester dans ma bulle.
    Mais ne pas laisser son fils courir en avant c’est aussi une question de sécurité car au lieu de s’arrêter pour le kidnapper on pourrait très bien le reverser… Tu vois comment je pense constamment lol

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