Hier le monde s’est arrêté de respirer. Hier le monde a pleuré.
Pourtant la journée avait bien commencé… je plaisantais sur Twitter en disant que je devais aller acheter un maillot de bain à ma fille, le sien était vraiment trop petit et ça le faisait moyen d’emmener sa choupette de 2 ans aux bébés nageurs en string maillot !
J’ai rempli ma mission, le maillot a été acheté. On est allées chercher Minus à l’école, j’ai préparé à manger, comme d’habitude…
Pendant le repas j’ai consulté mon fil d’actu et je me suis décomposée. L’horreur devant mes yeux, l’incompréhension et surtout l’impression que tout ça n’était qu’une blague, ce n’était pas possible…
On a fini de manger comme si de rien n’était.
12 morts…
J’ai couché les petits pour la sieste.
Les noms commençaient à tomber… Cabu, Charb, Tignous, Wolinski… je n’arrivais pas à y croire. Comment ? Mais pourquoi ?
J’étais devant mon ordi. Je devais publier un article d’une futilité extrême, mais c’était juste pas possible, ça aurait été indécent.
Ecrire ce qu’il venait de se passer, ça m’a traversé l’esprit. Mais j’étais dans un tel état de colère, de tristesse infinie, d’incompréhension… j’étais complètement abasourdie en fait. Je n’aurais pas trouvé les mots, je n’aurais fait que pleurer sur mon clavier.
J’ai pensé à ces hommes qui travaillaient pour nous faire rire et pour notre liberté à tous, j’ai pensé à leurs familles.
J’ai aussi pensé à leur collègue, Coco avec sa petite fille à côté d’elle, qui a été contrainte de taper ce putain de code pour faire entrer les tueurs dans les locaux, comment arriver à vivre après ça ?
Qu’on aime ou pas Charlie Hebdo, on ne peut pas tolérer que des gens se fassent tuer pour des dessins ! Qu’ils se fassent assassiner aussi facilement sur leur lieu de travail…
J’ai attendu que les petits s’endorment et j’ai finalement allumé ma télé. Les larmes au bord des yeux tout l’après-midi mais incapable de me détacher de ces images horribles…
J’ai vu les politiques défiler avec à peu près le même discours, le Président bien sûr, Valls, Cazeneuve, Sarkozy et Mélenchon. Ce dernier a eu une phrase qui m’a vraiment marquée : « Il ne faut pas avoir peur, ce sont des lâches ! »
Il a tellement, tellement raison ! Ces gens, ces fous ne cherchent qu’à nous faire peur et si on cède, ils auront tout gagné…
Charlie Hebdo l’avait bien compris, ils dessinaient, écrivaient pour lutter contre l’obscurantisme et pour la liberté.
Je savais que le journal était souvent menacé, que les rédacteurs l’étaient aussi. Mais je ne SAVAIS pas à quel point en fait.
Je ne savais pas que Charb était depuis 4 ans toujours accompagné de 2 gardes du corps…
C’est con et c’est un peu trop tard, mais j’ai été épatée et impressionnée par le courage de ce mec. Ça aurait été tellement plus facile d’arrêter et de se mettre en sécurité. Mais non, lui il a continué avec les autres, sans relâche, sans faiblir, sans trembler.
Il a essayé de nous faire croire que c’était « facile » pour lui, « pas de voiture, pas de crédit, pas de femme, pas de gosses, je préfère mourir debout que de vivre à genoux. »…
Ce matin Patrick Pelloux a dit « je suis sûr que Charb s’est levé pour les traiter de cons ». Je le pense aussi…
J’aimerais tellement penser que je suis aussi courageuse et engagée que lui. Mais non, je crois que je prendrais mes 2 petits sous le bras et je partirais très loin… Je n’ai pas peur mais je ne suis pas rassurée.
La vie continue, il faut profiter de nos enfants le plus qu’on peut… J’ai choisi de ne rien dire à Minus, parce que je ne me vois pas expliquer les horreurs de la vie à un enfant de 5 ans complètement innocent. Je pense que je peux, que je dois encore un peu l’en préserver, il les découvrira bien assez tôt.
Hier je suis allée chercher Craquotte dans son lit après la sieste, la première chose qu’elle m’a dite c’est « Il est où le père Noël ? »… Bien loin ma chérie d’amour… très loin…
Ce matin, pendant la minute de silence nous étions aux bébés nageurs. Je me suis levée au milieu de la piscine et je me suis recueillie. J’ai été la seule à le faire. Je pense que j’avais l’air un peu ridicule. Mais à défaut d’avoir autant de courage et de volonté que ces 12 personnes, je me suis dit que je leur devais bien ça.
J’en tremble encore toujours autant, je suis toujours aussi secouée, mais aujourd’hui, demain et pour toujours Je Suis Charlie…
Charb
Moustapha Ourad
Cabu
Hamed Merrabet
Tignous
Wolinski
Honoré
Bernard Maris
Michel Renaud
Franck Brinsolaro
Frédéric Boisseau
Elsa Cayat
Un bel hommage, je suis comme toi bouleverser complètement depuis hier, j’y pense tout le temps…
Tout le temps… Je viens d’écouter en entier l’intervention de Patrick Pelloux de ce matin, tout est bien dit mais c’est tellement dur à entendre…
Je ne peux pas écrire à quel point je suis Charlie. Alors merci de cet article, je n’ai pas les mots…
ça m’a pris une partie de la nuit, j’arrivais pas à dormir… C’est quand même confus mais bon…
Très joli billet ! Et je salue ton geste à la piscine, très beau et très fort !!! On est tous très marqué par ce tragique événement …
Merci…
Je me devais de leur rendre hommage à défaut de les avoir plus soutenus avant…
<3
<3
Merci pour ce billet et pour ton hommage! Au boulot, nous avons observé une minute de silence. La présence n’était pas obligatoire mails il aurait été impensable pour moi de ne pas y participer. Ma fille a compris qu’il se passait quelques chose de grave. J’ai essayé de lui expliquer. Je ne sais pas si j’ai fait comme il fallait mais j’ai fait de mon mieux. J’ai la boule au ventre depuis et je n’arrête pas d’y penser….
C’est dur, les miens n’ont rien remarqué, enfin je pense… j’espère que Minus n’a rien entendu de bizarre à l’école…
ce matin, la minute de silence était au temps du petit dej chez nous. J’ai demandé aux enfants le silence. Je leur ai expliqué encore. #jesuischarlie
Minus était à la cantine, normalement la plupart du personnel est sorti devant l’école pour faire la minute de silence mais sans mêler les enfants à tout ça.
Ça me va, j’ai pas envie de lui expliquer, vraiment pas…
Très beau texte qui retranscrit bien notre émotion à tous et la journée que nous avons tous vécue hier, nos enfants à la maison. Je n’en ai pas parlé non plus à ma fille de 5 ans, c’est trop tôt…
Je suis Charlie.
Merci…
je pense vraiment qu’on doit encore les préserver de tout ça… tant qu’ils ne tombent pas dessus, ne posent pas de questions, n’en parlons pas…
Enfin ce n’est que mon avis…
Comme toi j’avais un billet à publier mais une recette de cuisine c’est tellement futile… pas le coeur à ca, pas l’envie, trop d’images dans la tête. Je n’ai malheureusement pas ta plume je n’ai pu écrire que quelques malheureuses lignes pour dire ce qui m’est passé par la tête avec mes mots que j’ai la chance de pouvoir publier.
J’étais seule avec ma fille de 3 ans pendant la minute de silence j’ai essayé de la respecter, mais avec une petite fille qui vous parle en meme temps c’est compliqué mais finalement c’est la vie qui continue.
en tous cas bel article ce sont ceux ou l’on met le plus nos tripes qui sont les plus touchants.
Merci pour ces compliments…
C’est sûr qu’avec un tout petit c’est pas facile à respecter mais bon, personne ne peut nous en vouloir 😉
Très beau hommage !!!
Tout ça est si horrible que j’en perd mes mots …
JE SUIS CHARLIE
C’est horrible oui… J’ai eu beaucoup de mal à en parler… et je me suis aussi beaucoup demandée si j’avais le « droit » d’en parler…
Je me suis aussi posé cette question hier soir : est-ce que moi, assise-là en pyjama, en sécurité dans mon petit village d’Aquitaine, moi qui suis si loin de l’horreur, j’ai le droit d’écrire quelque chose ? Et est-ce que moi, française avec un toit sur la tête et cent grammes de chocolat dans le bide, j’ai le droit d’être profondément choquée par cette sordide affaire, alors que tant d’innocents meurent dans un silence assourdissant chaque jour si loin dans le monde ? Si encore je savais dessiner…
Finalement j’ai quand même rédigé un article. Pour aller dormir un peu moins agitée, comme une sorte de catharsis. Charb et sa clique n’étaient pas mes amis, mes proches, mais je me sentais proche de ce journal que j’ai souvent acheté, parfois détesté, mais toujours respecté. Comme je me sens, peut-être à tort, en tant que lectrice, membre de cette grande famille qu’est la presse écrite.
Je n’ai pas l’impression d’avoir le droit de dire « Je suis triste ». Et pourtant. Je suis bouleversée, émue, ébranlée. Mes pensées sont tournées vers les véritables proches des victimes de ce drame. Mais j’ai besoin de dire quelque chose, comme la majorité d’entre-nous.
Dire quoi ?
Merde ? Diplodocus ?
Bite ?
Pleurer un peu, bon d’accord, beaucoup, en cachette, pendant la sieste des gosses, en pliant le linge. Aller faire un tour, avoir envie de fumer une clope. Ressentir cette fabuleuse vague d’humanité qui suit la peine. Se laisser submerger par elle, en apnée… et se relever, droits comme des « i » au milieu d’une piscine. Voilà.
On s’est pris une claque, la léthargie c’est fini. J’espère. Maintenant soyons responsables, dignes et intelligents.
Comment tu fais pour que tes commentaires soient toujours aussi bien ! HEIN ?
Je suis vraiment trop contente de te connaître dans la vraie vie aussi <3
Et je serai responsable, digne et (presque) intelligente...
En fait j’ai une secrétaire qui bosse au black et qui s’occupe de ma communication pendant que je change les couches de mes mioches, mais chut. Je lui ai dit de te dire que je suis contente de te connaître aussi.
Ah je comprends mieux maintenant 😉
Bonjour chers amis, Pour ma part j’ai vraiment trouvé pertinent , et je suis tout à fait d’accord avec l’auteur. Je trouve aussi que ces attentats sont affreux et choquants. Je pense qu’il faut de se battre contre ce genre d’ attaques contre la liberté de la presse. Je pense aussi qu’il faut dans ce but de re-découvrir et faire comprendre pourquoi Charlie c’est aussi la France. Pour cela avec des amis nous avons monté la page https://facebook.com/ledaily.charlie/. Le but du site est de récupérer de vielles Unes de Charlie Hebdo et de les recontextualiser notamment d’un point de vue de l’histoire, pour permettre à ceux qui n’aurait pas connu de comprendre les idées de Charlie. Malgré ces evennements, n’oublier pas de rire, c’est ça Charlie !
Bonjour
Effectivement c’est une très bonne idée !