L’enfer des mutations dans l’éducation nationale

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La plupart du temps, j’aime mon boulot.
Je suis prof de bio en collège. Je ne le cache pas, je l’ai choisi parce que je savais que ce serait un métier où je pourrais passer du temps avec ma famille et m’occuper de mes enfants, durant les vacances notamment. Bien sûr, je l’ai aussi choisi parce que j’aime les enfants et j’aime enseigner.
Mais, il y a des jours où c’est n’importe quoi ce boulot ! Surtout quand on parle des mutations…
Pour la Mamour Family, un problème s’est vite posé : On savait que Maximus allait devenir Maître de Conf’, mais on ne savait pas où. Il y avait de très fortes chances pour qu’on quitte la région parisienne.
Mais voilà, pour muter dans l’éducation nationale, il faut s’y prendre un an à l’avance…

Donc pour être mutée à la rentrée 2011, il aurait fallu que je demande ma mutation en novembre/décembre 2010… Sauf que Maximus n’a connu son poste qu’en juin 2011 !
Impossible donc de demander une mutation sans risquer de se retrouver à 2 endroits complètement différents. On aurait eu l’air malin, moi à Bordeaux et lui à Lille ou Marseille !
Qu’est-ce qu’on a comme choix ? Bah soit on reste séparés un an, moi à Paris avec Minus et lui à Bordeaux, soit je me mets en congé parental.

Sans hésiter, j’ai sauté sur le 2ème choix. Ça ne m’a pas dérangée du tout, je voulais vraiment m’occuper à plein temps de mon fils et en s’éloignant de la région parisienne, la vie est un peu moins chère. On pouvait donc se permettre de vivre sur un salaire. Mais comment font les gens qui ne le peuvent pas ?

Du coup, maintenant que nous sommes ici, il a bien fallu que je demande ma mutation. Faudra bien que je retravaille un jour quand même !
J’ai obtenu l’académie de Bordeaux sans problème, c’était déjà un soulagement.
Puis j’ai fait mes voeux pour les postes… J’ai attendu 3 mois et le verdict est tombé hier soir.
J’ai un poste à Excideuil… Là, je n’en crois pas mes yeux !
Je ne connais pas évidemment, mais déjà, c’est en Dordogne, ça sent pas bon pour moi !
Alors je cherche sur mappy… Excideuil… C’est à 170 km de chez moi ! 2h30 pour y aller quand ça roule bien, ce qui sera le cas le matin, vu qu’il faudra que je parte à 5h30 pour être au collège à 8h00, mais pas le soir. Le soir quand je rentrerai ce sera l’heure des bouchons. Pour ceux qui connaissent pas trop la rocade bordelaise, et ben c’est le bordel le soir, pas autant que le périf parisien, mais quand même ! Et bien sûr, on passe par l’autoroute, donc 10€ à chaque trajet ! (Sinon c’est une heure de plus… )

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Et là, franchement je me pose des questions. Mais qui sont ces gens qui nous mettent sur des postes comme ça ? Y’a quelqu’un qui réfléchit ? Qu’est-ce qu’on cherche à nous faire ?
Parce qu’évidemment, 350 km par jour, c’est pas possible de faire ça ! Même avec toute la bonne volonté du monde… Alors quoi ? Ça veut dire que je quitte ma famille ? Je vais habiter seule toute la semaine à Excideuil, je laisse mon Minus de 2 ans et je ne le verrai que le week-end ?
On déménage entre Bordeaux et Excideuil ? Comme ça, on a tous les deux 80 km à faire chaque matin et chaque soir, et on habite en pleine campagne, au milieu des champs ? (J’ai rien contre la campagne mais moi, je ne pourrais pas y vivre…)
Comment peut-on être heureux dans ces conditions ? Parce que moi, c’est sûr, au bout d’un mois, je sombre dans une profonde dépression… Comment peut-on avoir une vie de famille ? Et comment peut-on travailler correctement ?
Comment ils peuvent penser au rectorat que je vais accepter une telle situation ?

Encore une fois, j’ai la chance de ne pas être obligée financièrement de reprendre le boulot dès la rentrée prochaine, je reste encore en congé parental avec mon Minus.
Mais comment font les autres ? Qui sont ces gens qui décident, comme ça, avec des petits points dans leurs barêmes débiles, de séparer et de briser des familles ?

Je redemanderai  un poste l’année prochaine bien sûr, mais si je n’ai rien de plus proche ? Je me verrai dans l’obligation de poser ma démission ! Parce que ma famille, et surtout mon fils, passe largement avant le boulot. Tant pis si on se serre la ceinture plus longtemps que prévu. Jamais, jamais je ne pourrais vivre loin de mon foyer…
J’aime mon boulot, mais j’aime bien plus mon mari et mon bébé ! Je ne serai jamais à disposition de l’éducation nationale. Je refuse d’être traitée comme un larbin qui doit aller là où on lui dit. Il faut pas nous prendre pour des cons non plus !

PS : Excideuil… bon déjà, vivre dans une ville avec un nom comme ça, ça fait pas envie… Mais à côté d’Excideuil, y’a une ville (un village ?) qui s’appelle… Angoisse !! Ça ne s’invente pas…

23 réflexions au sujet de « L’enfer des mutations dans l’éducation nationale »

  1. la patate douce

    J’ai les boules pour toi rien qu’en lisant ton post. C’est juste hallucinant. Hallucinant comment les gens ne réfléchissent pas. Ou alors il n’y a VRAIMENT rien d’autre de disponible AILLEURS à ce moment-là ?… enfin, tout de même… Faut pas abuser. Je croise les doigts pour que tu aies une meilleure proposition l’année prochaine. Est-ce que tu peux faire remonter ce genre de problème au niveau du rectorat ?

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    1. mamourblogue Auteur de l’article

      Et là même avec un enfant en plus, j’y arrive pas… ça me fait un peu flipper pour dans 3 ans en fait… Ils le savent au rectorat et je les soupçonne un peu de rien me donner parce que je reste en congé parental !

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        1. mamourblogue Auteur de l’article

          Ouais mais ils savent que je demande un poste que je ne prendrais pas tout de suite… Donc ça doit pas leur donner envie de m’en trouver un…
          Même si bon, je pourrais très bien décider que finalement je reprends le boulot dans 6 mois !

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  2. kiarapapillon

    Un de mes collègues de l’an dernier a enfin eu un poste fixe après des années en tant que TZR. Et il a été muté… à 2h30 de chez lui! Sur le coup, il a regretté le « confort » d’être TZR car il n’avait jamais de poste à plus d’une heure!
    Il a loué une chambre pour la semaine près de son lycée et il rentrait le weekend. Sa femme ne pouvait pas déménager, il ne voyait sa famille que 2 jours par semaine. Heureusement, il y a les vacances, mais laisser ses enfants de 8 et 10 ans a été très dur.
    Je pense qu’il a demandé une nouvelle affectation, mais franchement, l’EdukNat et les mutations, c’est du grand n’importe quoi.

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    1. mamourblogue Auteur de l’article

      Mais là y’a même pas de postes de TZR parce que je les ai demandés aussi… C’est un truc de fou… Et moi je refuse de vivre loin de mes enfants. Si j’ai rien dans les 2 prochaines années, je me mettrai en dispo, et si je peux pas ben je démissionnerai et ce sera la merde… voilà !

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      1. kiarapapillon

        Un truc de fou, oui!
        En plus le Rectorat n’aime pas quand les parents sont en congé parental. Ma belle-mère est secrétaire en lycée et m’a bien dit que les profs qui prennent un congé parental ont plus de mal à voir leurs demandes acceptées.
        Peut-être peux-tu demander de l’aide aux syndicats.

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        1. mamourblogue Auteur de l’article

          C’est bien ce que je pensais ! Et c’est débile parce que je pourrais bien décider de reprendre dans 6 mois finalement, ils n’en savent rien ! et moi non plus, on sait jamais, ptêtre qu’on va vraiment avoir besoin d’argent et qu’il faudra que j’y retourne, donc c’est complètement débile…
          Oui il va falloir que je me rapproche des syndicats très bientôt…

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  3. steff du bio pour bebe

    je connais que trop bien ce genre de problème… je me destinée a être instit dans l’académie de bordeaux, du coup j’ai beaucoup d’amie la bas, et celle qui ont pas de poste fixe, elles changes tout les ans de département, un coup dans le 64 un coup dans le 33… et quand elles se plaignent on leur dit que c’est comme ça, qu’elles n’ont pas assez de points…

    obligé de subir!

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    1. mamourblogue Auteur de l’article

      C’est ça on subit ! Encore « heureusement » que je peux avoir un congé parental et que c’est ce que je voulais mais bon, en fait, j’avais pas le choix ! Ce qui me stresse c’est que je sens qu’un jour je vais devoir démissionner… J’ai tellement batailler pour l’avoir ce concours… pffff

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  4. Dexterina

    11 ans que l’on vit comme ça mon homme et moi… Il bossait Paris, moi à 450 kms au sud….
    Paris trop cher pour nous alors il faisait les aller retour, puis, il à réussi a avoir une mutation près de chez nous sauf que, c’est dans une compagnie « sac a dos » c est à dire que parfois, il pars 3 semaines dans le mois n’importe où en France….
    Il n’est pas prof mais dépend de l’état et des grattes papiers que se contre fiche de la famille, ils ne pensent qu’au rendement….

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    1. mamourblogue Auteur de l’article

      C’est vraiment mystérieux pour moi ces façons de faire… Je ne comprends pas comment on peut séparer les familles en disant « ben ouais, c’est comme ça ! »… Ah c’est sûr c’était plus simple quand les femmes restaient à la maison hein !! Quelle idée on a eu de vouloir travailler, ça complique tout 😉
      Mais vraiment, si j’arrive pas à l’avoir d’ici 2 ans, je sais vraiment pas comment on va faire…

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  5. OLIVIER

    Mon épouse est professeur de langue au lycée, elle entame sa seconde année dans un village à 250 km de chez nous. Elle est obligée bien sûr de louer un studio et de payer des tas de charge, ça fait bien 400 euros par mois de moins sur son salaire et c’est sans compter le carburant et les péages… grosso modo elle touche comme un contractuel dans cette situation… je trouve scandaleux qu’on ne lui donne pas un logement de fonction ! Après avoir obtenu un Master 2 puis le CAPES, la pilule est dure à digérer. Je travaille dans le privé et il est très difficile pour moi de bouger même si j’aimerais bien. Du coup elle accumule des points pour separatide conjoint mais vu que dans son académie il n’y a pas de poste disponible, elle peut attendre 1 iu 2 décennies comme ça… nous avons un projet d’enfant, elle se mettra alors en congés parental… mais après ?… l’éducation nationale devient comme une entreprise (et sur bon nombre d’aspects pire même car pas d’écoute du rectorat), c’est à dire des ordinateurs avec des algorithmes qui gèrent la vie des fonctionnaires… on n’est pas dans Matrix mais presque ! Pas étonnant que le métier n’attire plus les jeunes, payes lamentables pour le niveau d’étude et du concours, mutation merdiques, pas d’écoute des profs car on les considère à tort comme des privilégiés, bref, je me dis parfois que la promesse de l’EN est un mensonge. Le pire c’est que dans son académie initiale (quand elle était contractuelle avant de passer le concours ), les lycées privés sous contrat manquent cruellement de profs dans sa matière et son rectorat d’affectation ne veut pas la lâcher pour la détacher dans le privé. Le rectorat préfère les profs malheureux, démotivés, dépressifs et en arrêt de travail !… l’algorithme des ordinateurs ne prend pas en compte cette « variable d’ajustement  » provoquant par voie de conséquence une gestion lamentable et finalement anarchique du personnel. Il serait temps que le gratin de l’EN remotive ses troupes par une gestion humaine de ses Samouraïs que son les profs plutôt que de les considérer comme ustensiles de cuisine…

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    1. mamourblogue Auteur de l’article

      Je suis d’accord en tous points avec vous…
      Bon moi depuis, j’ai été mutée, mais ça a été long ! Et j’ai maintenant 3 enfants, ça fait des points !
      Bon courage à vous deux en tout cas !

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      1. Sylvain

        Content que tu es finalement eu ta mutation. Juste par curiosité, tu avais combien de point pour ta 1ère demande de mut dans l’académie de Bordeaux ? Tu avais qd même les 150pts de rapprochement de conjoint si je ne me trompe pas ?

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        1. mamourblogue Auteur de l’article

          Honnêtement je me souviens plus exactement… ça fait 6 ans maintenant… mais oui j’avais forcément les 150 pts de rapprochement et j’avais 1 seul enfant à l’époque. (plus mes 4 ans d’ancienneté)

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