Fin octobre je crois, on m’a proposé de lire L’Âme tatouée de Raluca Sterian-Nathan. Tu te doutes bien que j’ai sauté sur l’occasion, vu que je dévore les livres…

Pourtant,c’était pas forcément un livre que moi j’aurais acheté. C’était pas tout à fait le genre d’histoire qui m’attire de prime abord :
« J’ai tout perdu sauf mon accent », aime à dire Raluca Nathan. L’accent de Bucarest, où est née cette fille d’artistes et d’intellectuels. C’était avant que la Gestapo ne traque sa famille, puis que les communistes ne transforment la Roumanie en ce « pays où le rire est interdit, sauf s’il est marxiste ». Malgré la faim, l’angoisse, la solitude, Raluca aime pourtant rire, jouer et aimer. Violée à 14 ans, mariée à seize ans, elle doit, pour monter sur les planches, faire oublier ses origines bourgeoises, à raison dune année de travail en usine et de séances répétées de lavage de cerveau. A ce prix seulement, elle pourra jouer dans Mère Courage au théâtre d’Etat – quand elle ne doit pas subir les tortures de la Securitate ou déjouer les tentatives d’empoisonnement de ses rivales, membres du Parti… Gagnera-t-elle en France, où elle s’exile en 1964, « le repos dans la douce étreinte de la démocratie » ? Elle y trouvera surtout l’amour fou. Quête de toute une vie dont voici le récit, comme « un défi lancé au temps ». L’humour y nargue la détresse, et l’optimisme un destin contraire: ils font de ce récit une leçon d’espoir.

Tu vois, ça a pas l’air super gai quand même…
Et pourtant…

Ce livre, c’est juste une magnifique leçon de vie. Raluca ne perd jamais espoir, ne s’apitoie jamais sur son sort. Elle se bat pour une vie meilleure…
C’est vraiment hallucinant la force dont fait preuve cette femme… On ne peut jamais savoir comment on va réagir dans de telles situations mais je ne suis pas sûre d’avoir autant de courage et de volonté.
L’écriture est à l’image de l’auteur, agréable, pleine de vie. Une fois qu’on l’a commencé on ne peut plus le lâcher. On ne ressent aucun mal-être, aucune gêne quand on le lit. Les moments difficiles (pour ne pas dire terribles) sont évoqués, bien sûr, mais de façon presque pudique. Pas de détails, ça s’est passé, point. Comme s’il fallait passer à autre chose, aller de l’avant…
On prend une bouffée d’oxygène et de bonne humeur, même dans les pires moments, on entrevoit de la lumière.

Raluca croit fort en son destin, rien n’arrive par hasard… Et elle a raison, car elle a enfin eu une vie plus douce aux côtés de l’homme de sa vie, un Français bien connu, Jean-Jacques Nathan, l’éditeur.

Je n’ai qu’un seul mot, bravo !
Lisez-le, offrez-le, on aime forcément ce livre et on en ressort transformé, un peu, par cette volonté de vivre…

L’Âme tatouée, Raluca Sterian-Nathan, Éditions Archipoche.